Quand on est séparés, certains sujets restent incontournables, et celui de l’éducation des enfants en fait partie. L’orientation scolaire, en particulier, revient régulièrement sur le devant de la scène. Et c’est bien normal : choisir une voie, un établissement, une filière, c’est décider, en partie, du futur de son enfant.

Mais voilà : si la séparation est souvent le fruit de désaccords, l’orientation peut rapidement raviver les tensions. Car on n’a pas toujours la même vision des études, du travail, de la réussite. Et parfois, on a même du mal à simplement se parler.

Quand le conflit s’installe

Les décisions liées à l’orientation se présentent à plusieurs étapes du parcours scolaire : en fin de 3ᵉ pour choisir entre voie générale, technologique ou professionnelle, au moment de sélectionner un lycée, ou encore pour déterminer les spécialités ou les études post-bac. Chaque étape peut devenir un point de friction.

Les désaccords surgissent souvent parce que chacun projette ses propres valeurs, références ou inquiétudes. L’un privilégie un parcours sécurisé, l’autre défend un chemin de passion. L’un rêve de grandes écoles, l’autre mise sur des études courtes et concrètes. Et entre les deux, il y a l’enfant.

Dans ce climat, il est difficile pour lui de s’exprimer sans craindre de trahir l’un ou l’autre de ses parents. Il peut même devenir, bien malgré lui, le messager entre deux adultes qui ne se parlent plus. Ce rôle, trop lourd à porter, crée un conflit de loyauté et brouille complètement la communication.

Les sources fréquentes de désaccord

Les tensions peuvent surgir autour de nombreux sujets liés à l’orientation. Le choix de l’établissement — public ou privé, internat ou externat, proximité ou éloignement — suscite souvent des divergences. Les spécialités à choisir au lycée, qu’elles soient littéraires, scientifiques ou stratégiques pour l’accès aux grandes écoles, divisent aussi.

Les études post-bac représentent une autre source de désaccord : faut-il privilégier des études longues ou courtes ? Étudier près du domicile ou partir à l’étranger ? Comment financer les études ? L’enfant est-il prêt à vivre seul et à devenir autonome ?

Mais bien souvent, ce ne sont pas les sujets eux-mêmes qui posent problème… C’est la difficulté à dialoguer sereinement.

Que peut-on faire pour avancer ?

Heureusement, même en situation de conflit, il est possible de progresser ensemble pour le bien de votre enfant. Voici quelques pistes concrètes à explorer.

Parler hors de la présence de l’enfant

Il est essentiel d’échanger entre adultes, sans impliquer votre enfant ou lui faire porter les messages. Un dialogue direct, de vive voix si possible, dans un lieu neutre ou par téléphone, favorise un meilleur climat. Évitez autant que possible les échanges par SMS ou mails, qui prêtent souvent à interprétation.

Identifier ses propres projections

Avant toute discussion, prenez un moment pour réfléchir. De quoi avez-vous peur ? Est-ce que vous projetez vos envies, vos rêves ou vos regrets sur votre enfant ? Êtes-vous réellement à l’écoute de ses aspirations personnelles ?

Garder le cap sur l’intérêt de l’enfant

Quelles que soient vos divergences, votre objectif commun reste le bien-être et la réussite de votre enfant. Gardez cette priorité comme boussole tout au long de vos échanges.

Se faire accompagner

Si le dialogue reste difficile, faire appel à un tiers neutre peut faciliter les discussions. Un médiateur familial, un coach en orientation, un psychologue scolaire ou un conseiller d’orientation peuvent jouer ce rôle. Ils recentrent les échanges autour de l’enfant et aident à rétablir une communication constructive.

Accepter l’incertitude

Votre enfant a le droit de douter, d’explorer, voire de se tromper. Ce qu’il lui faut avant tout, c’est un environnement où il se sent écouté, soutenu, respecté. L’orientation est un processus, pas une ligne droite.

Valoriser la démarche de réflexion

Plutôt que de vous focaliser uniquement sur le résultat final (le type d’études, le nom de l’école…), accordez de la valeur au chemin parcouru. Se poser des questions, hésiter, recommencer… tout cela participe à la construction de son autonomie et de sa maturité.

Chaque étape, même les “erreurs”, est une opportunité d’apprentissage. Rappelez-vous que l’orientation n’est pas figée : c’est un processus évolutif, réversible, adaptable.

Soutenir sans diriger

En tant que parent séparé, vous avez un rôle essentiel : celui d’être un soutien. Cela signifie accompagner sans imposer, écouter sans juger, guider sans diriger.

Il ne s’agit ni de tout décider à sa place, ni de s’effacer complètement au prétexte qu’il doit apprendre par lui-même. Il s’agit de trouver un juste équilibre : être présent, disponible, bienveillant… sans être envahissant.

Ce cadre sécurisant l’aidera à prendre confiance, à écouter ses envies profondes, et à faire ses propres choix avec lucidité et sérénité.

En conclusion

Même lorsque la communication est difficile ou que les tensions persistent avec l’autre parent, il est important de garder à l’esprit que l’objectif est commun : le bien-être et l’épanouissement de votre enfant.

L’orientation peut cristalliser des désaccords, mais elle peut aussi être une occasion de coopération, même imparfaite. À tout moment, vous pouvez vous faire accompagner pour sortir de l’impasse. Et surtout, vous pouvez montrer à votre enfant qu’il n’est pas seul face à ses choix : vous êtes là, chacun à votre manière, pour l’aider à construire son avenir avec confiance.

Ce contenu vous est proposé par un membre de la Communauté d’experts AZIMUT : Stephanie Gouchault, coach professionnelle certifiée