Interview exclusive de Jérôme Teillard, Responsable de Parcoursup, en 2024

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Écoutez l’interview exclusive en date du 9 janvier 2024. C’est un échange entre Jérôme Teillard, chef de projet Réforme de l’accès à l’enseignement supérieur, et Perrine Corvaisier, fondatrice de Azimut Parlons Orientation.

Dans une interview exclusive approfondie, Jérôme Teillard a partagé des informations sur les modifications apportées à Parcoursup pour l’année 2024.

Il a mis en lumière les efforts déployés pour atténuer le stress des candidats, notamment en accélérant le processus de proposition et d’admission.

Monsieur Teillard a souligné l’importance de la transparence des formations sur Parcoursup, essentielle pour une meilleure orientation des étudiants.

Il a également abordé le rôle crucial des parents et des enseignants dans l’accompagnement des élèves, mettant en avant la nécessité d’une préparation précoce et efficace pour naviguer sur la plateforme.

L’entretien a aussi couvert les aspects techniques de Parcoursup, comme l’anonymisation des lycées et l’utilisation de la datavisualisation pour aider les élèves à comprendre leurs chances d’admission.

Ce dialogue met en perspective les efforts continus pour optimiser Parcoursup, un outil central dans le parcours éducatif en France.

Transcript de l’interview

Merci beaucoup d’avoir pris le temps de répondre pour la troisième année consécutive aux questions sur Parcoursup pour Azimut parlons orientation. Je rappelle que vous êtes chef de projet réforme de l’accès renseignement supérieur au Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et dans cette mission, vous supervisez la plateforme Parcoursup de sa conception à ses évolutions.

 On est le 9 janvier 2024 et d’ici quelques jours, Parcoursup ouvrira la phase des dossiers et d’expression des vœux. J’imagine que c’est un peu l’effervescence, dans votre équipe qui travaille sur Parcoursup.

Avant de se projeter dans la saison 2023-2024, est-ce que vous pouvez nous livrer peut-être un peu votre analyse de la saison passée. Quel est le premier bilan que vous pouvez faire de Parcoursup en 2023 ?

On s’était engagé en 2023 à faire des évolutions qui vont éviter un sentiment de stress ou de méconnaissance de la plateforme. On a revu complètement ce qu’on appelle « la fiche formation » qui est le cœur du dossier Parcoursup et la présentation des formations qui, je pense, sont plus riches, plus claires et plus transparentes. On voit aussi quels sont les critères utilisés par chacune des formations d’accueil. 

Le deuxième enjeu était d’accélérer le processus de réception des propositions pour, là aussi, réduire le sentiment d’attente de la part des lycéens. Cela se voit effectivement dans les chiffres, c’est-à-dire que maintenant au bout de six jours en 2023, 75% des lycéens, donc trois quarts des lycéens avaient déjà eu au moins une proposition, ils n’étaient que deux tiers l’année d’avant. Donc ça fait un progrès substantiel et il se voit puisqu’on fait chaque année des études.

On voit que les lycéens y ont été sensibles. Alors évidemment l’intérêt de chaque saison, c’est ensuite d’approfondir encore les évolutions et c’est pour ça qu’on met en place comme chaque année des écoutes usagers avec des parents avec des lycéens pour essayer toujours d’améliorer le service que l’on peut rendre aux élèves comme aux familles.

Effectivement on les voit quand elles sortent c’est assez propre, c’est nickel facile d’utilisation, on sent que ça a été testé. Donc bravo et merci en tous les cas!

Voilà, c’est ça l’objectif. Je veux dire, après il y a des idées qu’on a nous-mêmes mais l’essentiel, c’est vraiment de tester. 

Parcoursup a 7 ans maintenant donc en fait, on a déjà fait le tour et je pense qu’on a posé des éléments stables. Je pense que Parcoursup est installé dans le paysage et de mieux en mieux compris. Mais voilà, on est, comme toutes les politiques publiques, dans une stratégie d’évolution et elle est d’autant plus importante que, ce qui fait la spécificité de Parcoursup par rapport à d’autres plateformes, c’est qu’en fait dans l’idéal, on y vient qu’une fois. C’est-à-dire que chaque année les lycéens sont nouveaux et c’est pour eux la première fois, donc on ne peut pas capitaliser auprès d’eux. Par contre ce qui est important et qu’il faut avoir en tête c’est qu’on travaille évidemment beaucoup avec les enseignants et avec les proviseurs.

Tous apprécient le fait que le calendrier soit très stable dans le temps, on démarre toujours à la même date. On finit à peu près toujours à la même date et je crois que ce sont là des éléments de stabilité. 

En même temps les évolutions se font sur des points ciblés qui correspondent à des vraies attentes. Ça fait aussi partie du processus d’amélioration facilement appréhendable par les enseignants qui les accompagnent et en même temps qui peuvent se mettre en œuvre facilement par les nouveaux lycéens ou les parents qui les accompagnent.  

Justement là, avec vos nouvelles évolutions et fonctionnalités, l’objectif est probablement que les élèves se mettent plutôt sur le Parcoursup avec la création de leur compte, pour qu’ils commencent à appréhender la plateforme avant janvier 2024 ou 2e trimestre de terminale. Car il ne leur reste plus que quelques jours ou quelques mois et là ça peut devenir stressant alors que justement, cette création de compte donne la possibilité de faire une présélection de formations de les mettre dans ses favoris. 

Les fonctionnalités de formations favorites, les annotations permettent à des élèves de Première, peut-être même de Seconde, d’appréhender, de créer leur compte qui va évoluer dans le temps probablement pour qu’en Terminale ça soit la confirmation.

Le processus d’orientation est un processus progressif. On peut dire : on ne devient pas tout d’un coup quelqu’un qui sait ce qui va faire en l’espace de 10 jours et notre objectif, c’est précisément « donner du temps au temps » en quelque sorte pour reprendre une expression connue et permettre à des jeunes et à leurs parents aussi de s’intéresser progressivement à repérer des formations puis ensuite y aller. 

Finalement se rapprocher des enseignants, se rapprocher des étudiants, faire son choix progressivement sans avoir à le rentrer sur Parcoursup et finalement se dire au dernier moment, « je suis dans le tunnel et je dois faire des choix ». D’une manière générale, quand on est au dernier moment, on change moins d’avis. Au contraire, le processus doit permettre que chacun fasse son chemin progressivement et c’est ça aussi, créer son compte. Ça peut être aussi pour un enseignant qui veut repérer des formations, en préparant une séance pédagogique avec ses élèves :  pour repérer trois quatre exemples qu’il va pouvoir clarifier. C’est aussi montrer que cette plateforme-là a une richesse d’information comme on n’en a sans doute jamais eu. On est bien conscient que la richesse d’information ne fait pas non plus le choix des candidats. Il faut s’en servir et le mot « plateforme » est bien adapté parce que c’est un point de départ pour aller ensuite faire des rencontres ou poser des questions. Et comme ça elle peut servir dès la Seconde parce qu’on peut déjà y trouver des informations sur le parcours au lycée.

Elle continuera d’évoluer parce qu ‘on a beaucoup d’informations. Ce que l’on fait avec des élèves, avec des familles, c’est trouver le bon équilibre qui n’est pas une science exacte entre les informations dont on dispose et les informations telles qu’elles vont être comprises. Il ne s’agit pas de noyer tout le monde avec beaucoup d’informations, on n’y aura rien gagné, il s’agit aussi de travailler. Ça c’est vraiment un axe de travail important pour le ministère et avec nos collègues de l’Onisep, on aide aussi à apporter de l’information directement aux enseignants qui puissent eux la médiatiser vers les élèves de manière à ce qu’elle soit bien comprise, et de manière qu’un dialogue s’instaure entre les élèves et les enseignants, qu’on puisse se servir de toute la richesse des informations de Parcoursup.

Très intéressant. Est-ce que les fiches formation vont évoluer ? On les voit pour l’instant, tout le monde peut les voir, mais on n’a pas encore l’information mise à jour avec les données de la saison précédente. Est-ce que vous comptez les faire évoluer un petit peu ?

Au 17 janvier, elles évolueront parce qu’on apporte certaines informations, qu’on met à jour en ce moment et qui continueront sans doute à évoluer encore dans le temps.

Par exemple, j’étais récemment au Conseil supérieur de l’éducation et il y avait une expression d’attente des lycéens sur la vie étudiante. Ca peut être très concret. C’était par exemple, « c’est quoi le réseau de transport qui permet d’aller à la formation ? » Alors cette information, elle existe dans l’espace public, elle existe souvent aussi sans doute sur le site des établissements. Mais ce qu’on voit c’est ce besoin des lycéens d’essayer de pouvoir tout retrouver au même endroit. Finalement le maximum d’informations ça peut être aussi dans la vie étudiante. Il y a l’engagement des étudiants qui peut être un élément de choix aussi qui éclaire. Donc chaque année, on essaye d’apporter des informations et ce qui est intéressant, avec cet exemple là sur la vie étudiante, c’est qu’en fait, on sort du sujet strict de la plateforme, on sort de la logique stricte de ce qui est une plateforme de vœux pour aller sur : qu’est-ce qui m’intéresse au moment où je dois faire des projets ? Apporter une information sur la vie étudiante là aussi, ça pourra intéresser un élève de Seconde, de Première, des parents qui s’y intéressent sans forcément que ce choix soit fait immédiatement. Donc c’est ça « donner du temps au temps », apporter de l’information qui est utile à l’ensemble de l’environnement éducatif.

Sur la partie dossier expression des vœux, liste d’attente, on peut s’attendre à ce que les informations évoluent : y a t il des nouvelles fonctionnalités ?  Des nouvelles pièces à apporter? de nouvelles façons de lire qui vont arriver ?

En fait, il y a des évolutions parfois ciblées, il y a des choses qu’on prépare, pas forcément disponibles aujourd’hui mais sur lesquelles on travaille, qui sont toujours pour aller vers comment les jeunes et les familles comprennent mieux le fonctionnement de Parcoursup et finissent convaincus par le fait que ce n’est pas Parcoursup qui va faire un choix. Parcoursup n’est que le messager d’un choix, qui est fait par des formations du supérieur et des enseignants. 

Le deuxième enjeu c’est comment on simplifie toujours la démarche des lycéens pour qu’ils puissent se concentrer sur l’essentiel de la construction de leur projet. Par exemple, la lettre de motivation n’est plus obligatoire dans l’absolu, elle est obligatoire quand les formations la demandent. Ce qui veut dire que ça renvoie aux formations à s’interroger sur le besoin cet élément-là, à se demander : est-ce utile dans mon examen des candidatures?

Par exemple, on rend obligatoire pour ceux qui font des vœux dans les soins infirmiers, un questionnaire. Parceque on voit bien qu’il y a une méconnaissance par certains lycéens du contenu, des exigences, des attentes de ces formations. De la formation mais aussi du métier infirmier. C’est un métier sur lequel, en dépit de la grande attractivité, on constate des abandons et pas uniquement des abandons de ceux qui sont dans le cycle de formation. On constate aussi chez les infirmiers, des abandons en cours de carrière. La ministre de la Santé de la prévention avait engagé un cycle de réformes du site des études infirmiers et évidemment la question de la formation est au cœur aussi de cette réflexion. Comment mieux permettre à des lycéens de s’interroger sur leur motivation, comment donner aux responsables de ces formations-là les outils pour évaluer les candidatures de la manière la plus efficace possible ?

Il y a à la fois des enjeux généraux qui font la procédure et puis parfois des enjeux thématiques sur tel ou tel type de champ d’études sur lequel Parcoursup est impacté parce qu’il y a un élément de réforme à apporter sur le fond. 

Je sais qu’il y aura des réformes, sans doute sur les études de santé là aussi, elles viendront impacter par exemple dès cette année, en premier lieu. Nous avons demandé aux universités d’apporter plus d’informations sur les places en deuxième année de cycle d’étude de santé qui n’est pas le choix de la première année, mais le choix de la deuxième. Ça peut être là aussi un élément de réflexion pour ceux qui s’inscrivent. C’est outiller le candidat et sa famille pour faire des choix très clairs.

Y a t il de nouvelles formations qui sont proposées sur la plateforme?

Peut-on commencer par rappeler les critères qui et le process qui permet à une formation d’être présente sur Parcoursup.

On voit l’émergence de Parcours Privé à côté ? Pourquoi est-ce qu’elle n’est pas intégrée à Parcoursup ?

Alors, je pense que globalement on n’a pas tellement de nouvelles formations. Enfin rien de significatif au sens où on est déjà à 23 000 formations et c’est important. L’enjeu est plus la question de la qualité de l’approfondissement de la qualité et de donner les bons éléments de référence pour faire des choix. Ce sont les évolutions qu’on a faites cette année sur les conditions de référencement sur Parcoursup et elles sont inscrites dans la loi, elles ont été déclinés donc très clair. Enfin pour toutes les formations qui sont ce qu’on appelle sous statut étudiant classique. On ne peut pas dire ça sur ceux qui sont en apprentissage mais, bien sûr, sur les formations qui sont reconnues par le ministère de l’Enseignement Supérieur. Le diplôme est reconnu par le Ministère de l’Enseignement Supérieur alors ça distingue la formation.

Alors vous avez cité une plateforme qui s’est développée, qui n’est pas une plateforme d’inscription, je ne sais pas exactement à quoi ça sert si ce n’est qu’à donner aussi une information. Parce qu’il faut rappeler les formations qui sont sur Parcoursup, elles garantissent une poursuite d’études possible après l’obtention des diplômes que l’on a recherché, ça n’est pas le cas des autres formations. Il y a un travail engagé par la Ministre de l’Enseignement Supérieur, précisément pour aller dans une démarche de labellisation qui puisse permettre de couvrir l’ensemble du spectre des formations et d’apporter de la garantie sur la qualité. Pour tout cela, il faut le contenu des formations.

Aujourd’hui, nous avons mis en avant cette année une nouvelle fonctionnalité, il y a un comparateur. Alors au-delà du fait qu’il y avait une attente des lycéens qui veulent pouvoir finalement voir de manière synthétique comparée à un certain nombre de formations, les critères qu’on en a retenu sont des critères qui correspondent à l’exigence de lisibilité pour les familles. Est-ce que c’est un statut public ou privé, est-ce qu’il y a un label par le ministère de l’enseignement supérieur, est-ce que cette formation accueille des étudiants boursiers, quels sont ses frais de scolarité ,y a-t-il des épreuves… Voilà des éléments selon moi et mes collègues dans le dialogue que l’on a avec lycéen ou famille, nous entendons de manière assez régulière, qu’il faut apporter une transparence parce que parfois la compréhension de l’écosystème du supérieur, s’est un peu dégradée.

Donc, il y a une telle diversité de type de formations, il faut remettre cette cohérence. Ça doit être un point important. Quels que soient les statuts des formations qui sont sur Parcoursup qu’elle soit publique ou privée, elles partagent un certain nombre d’exigences qui sont liées au fait d’être sur Parcoursup. Ce sont des exigences en termes de transparence de l’information, en termes de non-discrimination et d’égalité de traitement dans l’examen des candidatures et puis ce sont des exigences très concrètes. Une formation en apprentissage ne peut pas demander des frais de scolarité à un jeune apprenti, une formation sur Parcoursup ne peut pas demander des acomptes, une formation sur Parcoursup ne peut pas faire pression sur des candidats pour faire tel ou tel choix. Je dis ça parce qu’un certain nombre de formations qui sont hors de Parcoursup et qui veulent rester hors de Parcoursup ont parfois un discours différent, avec des pratiques commerciales…Mais, être sur Parcoursup, c’est aussi des garanties, à la fois sur le contenu des formations mais qui sont aussi sur les pratiques de recrutement, c’est intéressant de le préciser. 

Ça veut dire que la reconnaissance du diplôme visé par l’État n’oblige pas à être sur Parcoursup?

C’est un des critères et ensuite il y a toute cette manière d’approcher l’admissibilité de toutes les formations quand un diplôme reconnu par l’État. La loi avait déjà défini un périmètre de formation obligatoire puis il y a eu des périmètres qui se sont élargis parce que souvent d’autres types de formation portés par d’autres ministères qui ont été intégrés et qui avaient des diplômes reconnus par l’État. Pourquoi Parcoursup ? Parce que c’est une homogénéité d’information apportée aux jeunes et aux familles et c’est sur une seule plateforme, un seul calendrier. Ça crée un moment important au moment où il y a les résultats d’admission parce que tout arrive en même temps mais quelle facilité ! Ce ne seront pas les lycéens qui iront dans ce sens-là parce qu’ ils n’ont pas connu ce qui se passait avant, mais c’est pour tous ceux qui ont connu d’autres périodes On multipliait les dossiers et évidemment multipliant les dossiers, on faisait autant de distinction sociale parce que certains n’ont pas les moyens de cumuler ces dossiers. L’objectif est toujours l’égalité des chances qui permet un accès à une information, il faut aussi l’accompagnement. C’est le travail que l’on fait avec nos collègues de l’éducation nationale et avec l’ensemble des lycées.

Justement vos collègues de l’éducation nationale ont réorganisé le baccalauréat cette année avec les épreuves de spécialités en fin de cursus, cela fait que ces notes objectives nationales ne seront plus disponibles pendant l’étude des dossiers Parcoursup. Comment est-ce que les formations ont réagi à cette annonce, quels critères est-ce qu’elles ont surpondérés pour compenser cette absence de notes de spécialité ?

Il faut relativiser en se disant qu’il n’y a eu qu’une seule année où il y avait des notes. Elles avaient déjà des pratiques installées dans leur examen de dossier. Le baccalauréat a évolué pour des raisons qui sont légitimes et qui aident à garantir le maintien des élèves en classe et dans leur accompagnement.

Je dis toujours qu’on peut se tromper de cible, l’objectif est de réussir ses études, ce n’est pas de réussir Parcoursup. En approfondissant son cycle d’apprentissage au lycée, on consolide aussi ce qui est nécessaire pour la réussite dans ses études. Il n’y a pas de débat pour savoir si c’est bien ou c’est mal, c’est juste nécessaire par rapport à la situation constatée en 2023. Le deuxième élément, est le fait que comme ça a servi qu’une année, il est difficile d’avoir vraiment une appréciation. Est-ce qu’elles sont nécessaires ? Quelle que soit la situation, il y a des  travaux qui sont conduits. 

Il y a un travail du côté de l’éducation nationale qui a été déjà engagé à travers le projet d’évaluation d’établissement qui travaille sur la question de l’évaluation, de manière à permettre que chaque établissement puisse avoir des règles et qu’on arrive à une homogénéité des conditions d’évaluation. Ce n’est pas un petit chantier parce que c’est un travail de fond et il se fait en s’articulant avec la liberté de chaque enseignant car ce ne sont pas tellement les différences de lycée. On a tous été lycéens et on a parfois constaté des différences de notation entre deux enseignants au sein du même lycée. Ce travail-là est un travail de fond nécessaire et davantage outillé aujourd’hui parce qu’il y a des données qu’on peut apporter au chef d’établissement. On met à disposition de manière simplifiée et synthétique aux chefs d’établissement tout un tas de données sur le parcours de leurs lycéens en fonction de leurs caractéristiques, de leurs profils. Cela permet à un chef d’établissement avec son équipe de construire un projet d’orientation dans son établissement à travers les données qu’on lui communique. 

Il y a un travail que l’on poursuit avec les formations d’accueil qui est un travail sur les données qui sont dans le dossier Parcoursup. Comment on peut l’enrichir, comment on peut aider à l’analyse des candidatures par les formations ? C’est un travail qu’on engage pour un seul objectif qui est d’améliorer l’objectivité de l’analyse des candidatures et rassurer les familles par rapport à cette question : Ou est-ce que je mets mon enfant ? dans tel ou tel lycée ? Est-ce qu’il doit être premier dans tel lycée ? 

Enfin, il faut aussi beaucoup relativiser parce que souvent il y a de l’angoisse. Il y a 10 ans elle existait aussi. Elle avait un autre nom. Je crois qu’il faut en revenir aux chiffres. Lors de la session 2023, 95% des lycéens ont eu au moins une proposition, en moyenne ils en ont presque 6. Je pense que ça va relativiser aussi cette question : Est-ce que je vais avoir des propositions ?

Je me conduis de manière à rassurer et apaiser. Nous sommes conscients de l’importance à la fois des formations d’accueil mais aussi des lycées. Ce travail d’harmonisation prendra le temps qu’il faudra, en tous cas ces données sont disponibles pour l’ensemble des lycées publics et privés sous contrat. C’est le ministère de l’Éducation nationale qui les donne et qui les communique aux établissements de manière qu’ils se positionnent par rapport aux notes du contrôle continu. Même au-delà des résultats globaux, c’est vraiment un travail sur les conditions d’évaluation et la manière dont à l’intérieur de l’établissement on prend conscience de cette situation et on essaye de trouver des éléments qui vont harmoniser les pratiques pour qu’on en revienne à une appréciation. Je ne sais même pas si elle a déjà existé mais il faut qu’elle soit toujours la plus objective entre les différents établissements, comparable et homogène. Car c’est ça le sens de la démarche que conduit le ministère de l’Éducation qui se fait au service à la fois des lycéens et au service des formations d’accueil qui recrutent parce qu’elles aussi ont besoin d’avoir des données auxquelles elles peuvent avoir confiance. Et je crois que c’est ça le travail que l’on conduit avec elle.

Notre audience, ce sont les parents qui aiment beaucoup que leurs enfants progressent et en particulier que le contrôle continu soit visible par les formations. Dans les critères, est-ce que les formations peuvent exprimer : on cherche des élèves qui ont progressé sur quelle matière au cours du lycée?

Bien sûr puisque les formations d’accueil ont à la fois les bulletins de Première et de Terminale et ont les appréciations à travers aussi la fiche Avenir. Cette fiche ce n’est pas simplement une appréciation d’un trimestre, c’est une appréciation qui peut exprimer cette question du potentiel et de l’évolution ainsi que l’avis du proviseur exprimé. C’est pour ça qu’on avait décidé d’installer cette fiche Aavenir. C’est un relais entre les équipes éducatives de l’enseignement scolaire et les équipes éducatives de l’enseignement supérieur. 

Alors, ça n’est jamais simple parce que notre pays a fait au fur et à mesure des années une forme de distinction entre le supérieur et le scolaire, ce ne sont pas les mêmes enseignants, pas les mêmes pratiques, mais notre travail, à nous, au quotidien, c’est de retisser ces liens et d’encourager tous ceux qui cherchent un établissement ou les enseignants créent ces liens qui permettent finalement de créer des ponts entre les pratiques de l’enseignement scolaire et les pratiques de l’enseignement supérieur. C’est toujours bénéfique pour les élèves. 

Si on parle de la comparaison des élèves entre eux, de leur niveau et de leur note, on revient toujours à cette notion de nom du lycée de provenance. Est-ce que vous pourriez encore une fois redire où et quand apparaît le nom du lycée et si le lycée peut être un critère favorisant ou discriminatoire par les formations ?

Cette information, elle apparaît dans la fiche Avenir qui est construite par le lycée et transmise aux formations du supérieur. À nouveau, je veux vraiment relativiser car les chiffres que j’ai et que je redonne : 95% des lycéens au moins ont une proposition et en moyenne ils en ont 5. Ce n’est pas un critère en tant que tel puisque dans toutes les formations qui s’engagent sur Parcoursup et c’est la loi qui les dit, il y a des principes de non-discrimination et d’égalité des traitements. La distinction que l’on a évoqué est que cette différenciation de notation du lycée amène certains établissements à comparer au regard de ces pratiques-là. Il faut rassurer tous les parents, ce n’est pas une course pour aller dans tel lycée ou pour avoir telle note. Ça n’est pas comme ça que font les formations. Je crois qu’il faut en revenir à des choses plus simples. 

Nous avons demandé aux formations d’afficher sur les fiches Parcoursup des éléments de critères dans lequel il n’y a pas que les notes parce qu’ on fait une focalisation sur les notes, parce qu’évidemment c’est l’élément matériel le plus simple et le plus visible. Mais il y a également l’engagement, il y a la motivation, il y a les appréciations des enseignants, tout cela fait partie d’un dossier que vous pouvez regarder d’ailleurs. C’est très intéressant de regarder la diversité des formations sur Parcoursup. On voit à quel point il y a une très grande diversité dans les éléments qui sont utilisés pour faire l’appréciation y compris dans les très grands lycées. Parfois tous les élèves ont la même note quel que soit le lycée d’où ils proviennent. C’est bien cette question des appréciations des enseignants et du potentiel tel que vous l’avez exprimé et des activités/centre d’intérêt qui montrent le potentiel d’un lycéen qui permet de faire des différences et aux formations d’accueil d’établir un classement.

Donc le nom du lycée apparaît mais n’est pas un critère. Les enseignants du supérieur ne se lèvent pas le matin en se disant, je vais prendre seulement des élèves du lycée A et pas prendre ceux du lycée B. Ce n’est pas comme ça qu’ils travaillent. Ce n’est pas comme ça qu’ils raisonnent et tant mieux. Ces enseignants-là raisonnent en disant quels sont les élèves qui vont pouvoir réussir et qu’on va accompagner vers la réussite dans les formations.

La question des étudiants qui, en cours d’année, souhaitent se réorienter pour plein de raisons ou plein de situations aujourd’hui. Parcoursup est fermé en septembre et ouvre en décembre et janvier. Donc ces étudiants-là n’ont pas la possibilité en cours d’année de se réorienter dans des formations qui proposeraient des rentrées décalées ?

Parcoursup n’est fait que pour permettre une réorientation quand on recommence son cycle à la rentrée suivante à la rentrée. Mais en cours d’année, c’est la responsabilité des établissements supérieurs d’organiser des passerelles qui permet d’un semestre à l’autre d’organiser des transitions. C’est la première recommandation que j’ai vis-à-vis d’un étudiant qui serait en interrogation par rapport à son maintien dans la filière qu’il avait choisi, c’est d’aller se renseigner dans son établissement, quels sont les voies qui permettent sans attendre la rentrée suivante, de profiter de passerelles. Il faut multiplier ces situations là parce que Parcoursup ne peut pas intervenir en milieu d’année. On fait déjà une mission qui est importante et qui est déjà lourde à assurer mais elle n’empêche pas l’initiative des établissements dans le cours d’année à organiser cela. Ce qu’il faut bien comprendre c’est que c’est normal que ça ne soit pas Parcoursup qui s’occupe de ça. C’est vraiment une question d’organisation liée au contenu des formations liées à ce que vous avez validé puis à ce que vous ne pourriez pas valider. Donc voilà, il y a une appréciation concrète des enseignants, c’est eux qui font cette personnalisation des parcours qui est dans la dynamique aussi de la loi orientation et réussite des étudiants et c’est à eux de s’investir. Beaucoup le font mais c’est sans doute encore une voix de progrès en termes de mise en visibilité de ces solutions là parce que notre réflexe quand on a fait 18 années dans l’enseignement scolaire dans lequel on reprend toujours en septembre et où ça n’existe quasiment pas ces passerelle-là. Il y a une culture différente dans l’enseignement supérieur. Il faut sans doute les rendre plus visibles parce qu’aujourd’hui il y a beaucoup d’étudiants qui modifient leur parcours en cheminant et ce n’est pas un signal négatif. Nous avons une vision de la réorientation très binaire. Il y a beaucoup de réorientation qui se font simplement. Je tiens en permanence un discours qui est de dire que Parcoursup n’est pas le dernier choix de votre vie. Il n’est que le premier choix d’une première année d’enseignement supérieur et vous en ferez beaucoup qui vous permettront de trouver votre voie à vous. Si je résume, l’important c’est de réussir ses études et non de réussir Parcoursup.

Chez Azimut, on recommande évidemment Parcoursup, Horizons 21 le site de l’ONISEP et puis récemment, on a vu arriver des nouveaux sites qui exploitent les données en Open Data qui sont toujours accessibles et qui sont complémentaires à Parcoursup comme Suptracker. Comment est-ce qu’il faut travailler avec ces autres plateformes qui utilisent les Data de Parcoursup ?

Le ministère de l’Enseignement supérieur a une politique très large d’ouverture de l’Open Data et on fait à Parcoursup le procès de la transparence. Il faut aussi regarder ce que l’on affiche et c’est important parce que ces données-là, elles n’existaient pas auparavant. Donc je crois que c’est un enjeu important. Il y a une initiative, il y a des gens qui exploitent les données l’Open Data, ça sert à ça. Troisième élément qui est sans doute le plus important, c’est la présence d’un accompagnement à l’orientation pour aider dans les choix et ne pas laisser seul face à des choix. Cela on en est pleinement conscient, le ministère travaille sur lui-même et de mon côté j’y travaille mais ce qui est important aussi, c’est de rappeler à quel point l’affichage des données ne suffit pas. La question c’est la médiation qu’on en fait par des enseignants donc faut et les équipes de Parcoursup du Ministère sont très attachées à ce qu’on s’attache d’abord à comment on travaille pour mieux outiller les enseignants pour qu’ils puissent faire leur travail de médiation et pas que ça soit chacun dans son individualité qui s’empare d’information. Parce que on peut très vite se tromper sur l’interprétation des données, il ne suffit pas d’afficher des données, la question c’est quel est leur sens ? Nous voyons souvent, en travaillant avec des collègues de l’Onisep et avec pas mal de lycéens et beaucoup d’enseignants, la difficulté c’est que des informations qui sont comme ça, on n’est pas toujours sûr qu’elle soit bien comprise et elles entraînent des réactions binaires. L’Open Data est fait pour que certains ne s’en vont pas et utilisent ces données. Donc ça c’est je pense que ça aide à faire réfléchir. 

Voilà pourquoi encore une fois, je veux dire que l’Open Data est fait pour que certains utilisent ces données. Il faut sans doute plus appuyer sur l’affichage de données et c’est ce sur quoi le Ministère travaille lui aussi pour être en capacité d’accompagner des enseignants dans leur rôle de médiation de l’information dans leur rôle d’accompagnement et pour éviter toujours les risques à la fois de l’autocensure.

En même temps, avec Parcoursup c’est toujours une surprise mais ça n’est pas l’objectif. Moi je veux dire on ne travaille jamais pour que le jour d’admission, ça soit « Ah bah oui, j’ai une surprise etc ». Évidemment, on a tous ce comportement-là, un peu type découverte des jouets de Noël.  Mais notre objectif c’est de sécuriser les parcours du lycéen vers l’enseignement supérieur. Permettre qu’on puisse comprendre est-ce que cette formation est faite pour moi indépendamment des notes ? Je le redis, parce que cette information est importante, il n’y a pas que les notes. Évidemment on focalise tout sur les notes parce que c’est quelque chose qu’on a en tête depuis toujours sur l’échelle entre 0 et 20 comment on se positionne. Mais beaucoup de formations ou d’autres éléments, je pense notamment envoyer la question aux enseignements de spécialité et des travaux que l’on y compris de l’Inspection Générale montre à quel point ce n’est pas toujours l’élément déterminant. Il y a bien d’autres éléments qui peuvent y contribuer. Donc il faut se méfier.

Voilà, c’est bien qu’il y ait des sites qui développent de l’information, qui le présentent sous un jour nouveau et que globalement ça fasse avancer la question et le débat. Après voilà, c’est le Ministère qui travaille lui aussi de son côté sur, comment dans les lycées au sein des équipes éducatives, on améliore les outils qu’on peut apporter pour aider les lycéens ?

Très clair. 

Au niveau des parents, quelle est votre recommandation de positionnement, d’accompagnement.

Alors, les parents ont une place évidemment essentielle, en étant les accompagnateurs dans les premiers choix de leurs enfants.

Je pense qu’à la fois, ils doivent faire confiance à leurs enfants et donc avoir une forme de détachement. Je travaille beaucoup avec les fédérations de parents d’élèves et avec le souci aussi de les accompagner parce que je pense que les parents sont des fois peut-être plus surpris que leurs enfants, quand ils parlent du changement de l’environnement du supérieur. Ils ont connu un monde de l’enseignement supérieur qui n’est plus celui d’aujourd’hui, il s’est beaucoup diversifié. Ne serait-ce qu’à mon époque les doubles diplômes étaient un concept inconnu. Aujourd’hui, il se développe… 

Ils sont là pour accompagner, donner confiance et je pense que c’est très important de leur donner confiance. 

Et en même temps, il y a le besoin de travailler avec eux pour qu’ils aient aussi une visibilité et une compréhension de l’offre des formations. En tout cas, ils ont tous leur place et on le redit parce que nous on a mis en place ces fonctionnalités. Ils peuvent renseigner leur numéro de mail et puis leurs coordonnées de mails et de téléphone portable dans le dossier de leur enfant pour être prévenu systématiquement et c’est une mesure qui a un effet. C’est très important en termes de sérénité dans la famille. Puis j’ai parlé des fonctionnalités nouvelles de la création de compte, un parent peut lui-même créer son compte, s’il veut lui aussi examiner ou utiliser les données de Parcoursup; si ça les aide dans leur travail d’accompagnement avec leurs enfants. 

En tout cas, moi je prends ça à la fois très au sérieux puis avec beaucoup d’intérêt parce qu’on y apprend des choses et que ça n’est pas un métier “parents”. On a le droit de pas savoir et c’est bien de participer. 

Je trouve toujours que les dialogues que j’ai avec les fédérations de parents d’élèves et les élèves sont très riches, y compris quand les questions sont très directes.  Voilà, ça sert à rassurer, à informer et puis ça sert à les aider à trouver le bon positionnement, même si je ne pense pas qu’il y en ait un qui soit le meilleur. Il y a celui de chacun de sa famille et puis de son histoire familiale qu’ on respecte évidemment parce que c’est important. Ils ont tous à apprendre. Je pense que c’est la première fois que leur enfant va faire une démarche un peu autonome. Voilà, c’est un moment évident de transition dans la vie de la famille que les parents doivent accompagner et après on leur fait confiance évidemment pour être là au plus proche de leurs enfants et les aider à franchir cette étape.

Parcoursup et ses secrets à connaître avant qu’il ne soit trop tard (et il n’est jamais trop tôt)

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