La réforme des études de Santé mise en place en 2020 a profondément modifié les voies d’accès aux filières médicales. Elle a mis fin à la très sélective PACES et instauré deux nouvelles voies : le PASS (Parcours Accès Santé Spécifique) et la LAS (Licence avec Option Accès Santé). Ces parcours permettent désormais aux lycéens de tenter les concours d’entrée dans les filières MMOPK (Médecine, Maïeutique, Odontologie, Pharmacie, Kinésithérapie) via des modalités différentes.

Qu’est-ce que la filière MMOPK ?

L’organisation des études de Santé dépend des universités et varie selon les académies. Le sigle MMOPK regroupe les cinq grandes filières médicales. Pour y accéder, les élèves de terminale doivent candidater sur Parcoursup en formulant des vœux pour des PASS ou des LAS. Les concours sont organisés en fin de première année de PASS, ou en deuxième voire troisième année de LAS.

PASS et LAS : quelles différences ?

Le PASS est une formation centrée sur les sciences de la santé, dans laquelle l’étudiant suit principalement des Unités d’Enseignement en Santé. À cela s’ajoute une mineure dans une autre discipline, représentant 20 à 30 % de son emploi du temps. Par exemple, à Bordeaux, les étudiants peuvent choisir parmi des mineures variées : Sciences de la vie, Chimie, Physique-Chimie, Droit, Économie-Gestion, Philosophie, Psychologie ou encore STAPS.

La LAS propose une démarche inversée : l’étudiant choisit d’abord une licence classique dans une discipline qui l’intéresse, comme le Droit ou la Philosophie, et y ajoute une option Santé. Il peut ainsi décider du moment le plus opportun pour se présenter au concours, que ce soit en fin de première, deuxième ou troisième année de licence.

Chaque université propose ses propres combinaisons de majeures et mineures, avec quelques établissements comme ceux de Créteil, Caen, Poitiers, Strasbourg, Nice et Reims qui ne proposent pas de PASS du tout, mais uniquement un parcours unique. À noter que la Cour des comptes a recommandé fin 2024 un retour à une voie unique de sélection dès 2026, une évolution encore en attente de confirmation.

Quelle voie choisir selon son profil ?

Le choix entre PASS et LAS dépend principalement du profil et des objectifs du lycéen. Un élève avec un excellent dossier et une vocation forte pour la Santé choisira plutôt le PASS. En revanche, un lycéen encore indécis ou ayant un niveau scolaire moyen pourra préférer la LAS, qui laisse plus de temps pour s’adapter et mûrir son projet. Le PASS s’apparente à un sprint, tandis que la LAS ressemble davantage à un marathon.

Il est aussi possible de faire un choix stratégique selon son projet professionnel. Par exemple, un élève souhaitant devenir psychiatre peut opter pour une LAS en Philosophie, tandis qu’un étudiant attiré par l’industrie pharmaceutique pourra se tourner vers une LAS en Droit ou en Économie-Gestion.

Dans tous les cas, il est fortement recommandé de candidater à la fois en PASS et en LAS sur Parcoursup afin de maximiser ses chances d’admission.

La LAS est-elle plus accessible ?

Contrairement aux idées reçues, la LAS n’est pas plus simple. En LAS2, on retrouve d’ailleurs des étudiants issus du PASS ayant échoué au concours, mais qui ont validé leur année avec de très bons résultats. Ces étudiants réussissent généralement mieux le concours en deuxième tentative que ceux venant d’une LAS1 classique.

Une fois cette deuxième tentative effectuée (en LAS2 ou LAS3), les étudiants admis intègrent directement la deuxième année d’études de Santé.

Quelles spécialités choisir au lycée pour se préparer ?

Pour suivre ces parcours exigeants, il est indispensable de bien choisir ses spécialités au lycée. La spécialité Physique-Chimie est incontournable. Une spécialité Mathématiques complémentaires peut suffire à condition de maîtriser des notions clés comme les probabilités, les statistiques, les fonctions exponentielles et logarithmiques. La spécialité SVT est utile notamment pour ses apports sur la cellule musculaire, le système nerveux ou encore la génétique.

Même dans une LAS orientée vers la Philosophie, des Unités d’Enseignement en Santé sont obligatoires. Il est donc vivement conseillé de privilégier les spécialités scientifiques pour se préparer au mieux.

Le parcours le plus recommandé semble être un trio Mathématiques, Physique-Chimie et SVT en première, puis une option Maths complémentaires en terminale. Cependant, les élèves avec de très bons dossiers en Maths et Physique-Chimie sans SVT ne sont pas exclus. L’option Maths expertes peut être un atout pour ceux visant une mineure en Chimie.

Quelques places sont également accessibles aux bacheliers technologiques.

Bien comprendre les vœux Parcoursup

Sur Parcoursup, toutes les PASS proposées par une même université comptent pour un seul vœu, tandis que chaque LAS constitue un vœu distinct. Il peut cependant exister des exceptions, comme à Bordeaux où la LAS Chimie et la LAS Sciences de la Vie sont regroupées dans un seul vœu.

Certains étudiants choisissent de passer par une « P0 », une année préparatoire privée avant d’entrer en PASS, pour renforcer leur niveau scientifique. Toutefois, plusieurs universités n’acceptent que les néo-bacheliers en première année de PASS via Parcoursup.

Quelles qualités pour réussir ?

Pour réussir dans ces filières, les étudiants doivent faire preuve d’une forte capacité de travail et de mémorisation afin d’assimiler un programme dense dès les premiers mois. Il leur faut aussi être autonomes, bien organisés, capables de gérer le stress et motivés à passer les concours dans des délais courts. Les oraux évaluent également des qualités humaines comme l’empathie et la motivation, essentielles pour exercer une profession médicale.

Il est important de noter que la majorité des UE classantes sont évaluées au premier semestre, ce qui impose de se mettre sérieusement au travail dès la mi-août. À Bordeaux, le tutorat est réputé pour son efficacité et constitue une aide précieuse. Il existe aussi des préparations privées en parallèle.

Où se déroulent les cours ?

L’Université de Bordeaux permet de suivre le PASS sur plusieurs sites délocalisés : Agen, Dax, Périgueux et Pau (sauf pour les mineures Philosophie et STAPS). Les cours magistraux sont dispensés en distanciel, tandis que les enseignements dirigés peuvent être suivis en présentiel ou à distance. Les examens, organisés à Bordeaux, prennent la forme de QCM.

En LAS, les étudiants dépendent de leurs universités de rattachement et non du Collège de Santé. À Bordeaux, les cours sont répartis sur sept campus relevant de deux universités. Les UE de la mineure Santé y sont suivies en distanciel.

À quel point la sélection est-elle forte ?

À Bordeaux, en 2025, on compte 1400 places en PASS réparties sur huit mineures, et 410 places sur huit LAS différentes. Ces 1810 places sont réservées aux bacheliers de l’Académie de Bordeaux (Dordogne, Gironde, Landes, Lot-et-Garonne, Pyrénées-Atlantiques), avec un quota minimum de 13 % de boursiers et un maximum de 5 % de non-résidents.

La sélection reste intense : la majorité des admis ont décroché une mention Très Bien ou Bien au bac, bien que la filière soit officiellement « non sélective ». À titre d’exemple, près de 8000 vœux ont été formulés sur Parcoursup pour la PASS mineure Sciences de la Vie, qui n’offre que 595 places. Il est donc crucial de multiplier ses chances en postulant à plusieurs formations.

Certaines mineures comme STAPS ou Psychologie sont très demandées, tandis que d’autres comme Droit, Économie-Gestion ou Philosophie sont légèrement plus accessibles. En LAS, les places sont également limitées (20 à 45 selon la mention, sauf Sciences de la Vie avec 80 places).

La sélection se poursuit après l’entrée : le numerus clausus a été remplacé par le numerus apertus, permettant aux universités de fixer le nombre d’admis, mais les capacités de formation restent contraintes, notamment en raison du manque de formateurs dans les CHU.

À Bordeaux, en 2025, on compte 626 places MMOP : 390 en Médecine, 25 en Maïeutique, 71 en Odontologie, 140 en Pharmacie, ainsi que 108 places en Kinésithérapie. La moitié de ces places sont attribuées aux étudiants issus du PASS, l’autre moitié aux étudiants de LAS. En cas de places vacantes, des ajustements peuvent être effectués.

Comment valider son année en PASS ou en LAS ?

Pour passer les concours en PASS, l’étudiant doit valider deux blocs : le bloc majeur (60 ECTS) et le bloc mineur (entre 9 et 18 ECTS) avec une moyenne supérieure à 10. La validation doit être obtenue sans passer par les rattrapages pour pouvoir se présenter au concours.

Selon son classement dans les UE classantes, l’étudiant peut être admis directement, admissible à l’oral, ou ajourné. En cas d’ajournement, il peut retenter sa chance en LAS2 en intégrant la licence correspondant à sa mineure. En revanche, un étudiant n’ayant pas validé un des deux blocs ne peut pas redoubler : il devra repasser par Parcoursup.

Les épreuves orales, basées sur des documents, visent à évaluer la capacité d’analyse, de synthèse, de présentation et d’argumentation. L’écrit compte pour trois quarts de la note finale, l’oral pour un quart.

En LAS1, les conditions de validation sont particulièrement exigeantes, car les étudiants doivent valider à la fois leur licence et les UE Santé. Certaines LAS, comme la Licence Sciences de la Vie ou Chimie, permettent de compenser quelques UE, facilitant l’accès aux concours. Les étudiants peuvent aussi choisir d’étaler les UE Santé sur plusieurs années.

En LAS2, les candidatures ne sont prises en compte que si l’étudiant valide son année dès la première session. Le classement repose alors sur une note de parcours, qui prend en compte les résultats dans la licence et les UE Santé. Les épreuves écrites ont un coefficient deux, l’oral un coefficient un.

En Kinésithérapie, la validation du PASS peut se faire après la première ou la deuxième session. Le concours repose sur seulement six UE classantes, et l’admission passe systématiquement par un oral centré sur le projet et la motivation du candidat.

Ce contenu vous est proposé par un membre de la Communauté d’experts AZIMUT : Emmanuelle Baron, coach professionnelle certifiée