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Parcoursup – le mercato de la jeunesse française ?
Un article écrit par Perrine Corvaisier pour le magazine Innovation en éducation #10.
Alors que certains bacheliers sont déjà les pieds dans l’eau en juillet, d’autres ont encore les yeux rivés à leur écran. Chaque matin, ils se connectent à Parcoursup pour voir si leur rang en liste d’attente a progressé. Auront-ils enfin une proposition dans une formation de la liste qu’ils ont établie cet hiver ? Auront-ils mieux que la proposition de la formation qu’ils gardent au chaud, dans l’espoir de voir leur vœu idéal se réaliser? Chaque jour voit son lot de soupirs de soulagements et s’ensuit alors la course à l’inscription administrative. Mais il en restera qui seront dans l’expectative jusqu’en septembre.
Les questions posées dans cet article :
- Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est Parcoursup ?
- Pourquoi parle-t-on de l’algorithme Parcoursup ?
- En 2022, les épreuves du baccalauréat ont à nouveau été décalées pour des raisons sanitaires. Est-ce que cela a eu un impact sur les résultats ?
- Quelles sont les autres griefs formulés au sujet de Parcoursup ?
- Finalement, Parcoursup, c’est le mercato de notre jeunesse ?
- Que conseillez-vous aux parents et aux lycéens qui vont utiliser Parcoursup en 2023 ?
Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est Parcoursup ?
Parcoursup est la plateforme française pour accéder à près de 20 000 formations supérieures en France. C’est une base de données qui accueille les dossiers et les vœux des lycéens et étudiants en réorientation d’un côté, et les propositions de formations en études supérieures de l’autre côté. C’est également une mine d’informations car chaque formation dispose d’une fiche très complète avec le descriptif de son cursus et les attendus pour y être admis. C’est l’outil qui a remplacé les dossiers papiers, Ravel sur Minitel puis APB.
Pourquoi parle-t-on de l’algorithme Parcoursup ?
Si on en entend autant parler, c’est que l’attribution des places reste opaque pour beaucoup de familles et, qu’en effet, les algorithmes jouent un rôle essentiel dans ce processus. En réalité, les algorithmes de Parcoursup sont complétés par les algorithmes liés aux critères et priorités émis par les formations. Les algorithmes Parcoursup, étant sous la responsabilité du Ministère de l’Enseignement Supérieur, ont pour enjeu la traduction et le respect des textes de lois (part de boursiers en licence par exemple) ainsi que l’objectif de favoriser l’égalité des chances. Les formations sont tout à fait libres d’exprimer leurs priorités pour classer les candidats. Certaines vont donner un poids important aux notes, d’autres à la position dans la classe, d’autres au dossier et aux éléments de motivation, etc. Ces critères pondérés sont traduits en algorithmes. Les « moulinettes » tournent et s’en suivent refus, acceptations et listes d’attentes…
En 2022, les épreuves du baccalauréat ont à nouveau été décalées pour des raisons sanitaires. Est-ce que cela a eu un impact sur les résultats ?
Pour certaines formations et certains candidats cela n’a pas eu d’impact, ou peu. Et pour d’autres, la conséquence est parfois dramatique. Je vous explique : les épreuves du baccalauréat sont des épreuves nationales avec des barèmes de notation à peu près homogènes. C’est un moyen objectif et transparent de comparer un candidat d’un autre. Les formations qui avaient tablé sur ce critère pour départager les candidats ont, soit surpondéré les notes du baccalauréat anticipé (le français en fin de Première), soit se sont basés sur des notes attribuées en contrôle continu par les lycées. Or les disparités de niveaux sont nombreuses et les comparaisons entre établissements impossibles. Si on prend une situation en l’exagérant, un élève en tête de classe dans un établissement de niveau médiocre qui attribue des notes encourageantes a très bien pu passer en priorité face à un dossier de lycéen dont les notes sont moins élevées et avec positionnement en milieu de classe mais dont l’établissement d’excellence pratique une notation moins souple. Ces situations ont malheureusement été constatées et déplorées encore cette année.
Quelles sont les autres griefs formulés au sujet de Parcoursup ?
Je pense que l’absence de rang dans les vœux exprimés est un sujet majeur. Cela a plusieurs répercussions sur les élèves et les formations. En effet, les candidats à Parcoursup sont invités à formuler 10 vœux sans possibilité d’exprimer leurs priorités. Il leur est demandé d’exposer pour chacun de ces vœux leur motivation, comme si c’était leur premier choix. Prenons un exemple : un candidat rêve de faire médecine. Il va candidater dans plusieurs formations dont le parcours va pouvoir le mener en médecine. Mais les places étant limitées, ce candidat va sélectionner des formations paramédicales et par sécurité des formations en gestion. Ces dernières sont un peu des roues de secours. Ce candidat va devoir rédiger une sorte de lettre de motivation pour chaque vœu. Si l’exercice est plaisant pour une formation qui le mène à son rêve, il l’est beaucoup moins pour un choix de raison, même parfois, de dépit. Et pourtant, c’est parfois cette formation non désirée qui sera la seule à proposer une place au bachelier. Alors certes, dans les statistiques officielles, ce candidat se sera vu proposé une formation correspondant à ses vœux. Ce sont ces candidats, orientés par dépit qui, au mieux, se reconnecteront l’année prochaine pour changer de voie, et au pire, abandonneront les études…
Finalement, Parcoursup, c’est le mercato de notre jeunesse ?
Je ne suis pas experte de foot, mais en effet cela y ressemble dans la recherche d’adéquation entre étudiants et formations.
Tout comme certains clubs veulent se doter de nouveaux attaquants, certaines formations cherchent des étudiants dont le dossier a une couleur particulière, fruit d’un parcours académique, extrascolaire, agrémenté de savoir être et de motivation. Les candidats complètent dans Parcoursup un dossier très complet dans lequel ils exposent leurs activités, loisirs, sports, engagements et expriment leur motivation. Cette démarche me semble très intéressante pour préparer les adolescents au monde du travail. C’est une opportunité de faire le point sur ses talents, ses forces, ses particularités et de les mettre en mots. Cette invitation à mieux se connaître et à se valoriser leur permet d’exprimer des souhaits d’orientation adaptés à leur potentiel et à leurs ambitions.
Que conseillez-vous aux parents et aux lycéens qui vont utiliser Parcoursup en 2023 ?
Mes conseils se résument en 3 mots : anticipation – stratégie – ouverture
L’anticipation est clef car la plateforme Parcoursup est consultable toute l’année et par tout le monde. Seule la possibilité de se créer un dossier est réservée aux élèves de Terminale et aux étudiants. Les fiches des formations sont une source d’information pour comprendre le contenu de l’enseignement, les chiffres d’admission des années précédentes, les critères recherchés par le jury, etc. Je conseille de se familiariser avec la plateforme dès la classe de première. Il est regrettable de découvrir la plateforme au dernier moment.
L’autre aspect de l’anticipation, c’est le calendrier de Parcoursup. Il est dévoilé en début d’année scolaire et reste similaire aux années précédentes. Je conseille de prendre le temps, en amont, en famille, de comprendre chacune des étapes et les livrables attendus. En planifiant, vous éviterez la panique de dernière minute et la saturation de la plateforme aux dates butoirs.
Le second mot que j’ai utilisé est stratégie. Vous ne maitrisez pas toutes les cartes, mais vous pouvez placer vos pions après analyse et en conservant votre objectif en tête. Ainsi, selon l’orientation choisie, vous pouvez réaliser un stage, favoriser des rencontres, prendre des engagements, travailler certaines matières…afin de rendre votre candidature remarquable. J’ajouterais avec réalisme. La stratégie mise en place doit correspondre aux rêves et au potentiel du candidat.
En ce qui concerne mon troisième conseil : il s’agit de ne pas rester seul(e) avec le sujet de l’orientation. J’encourage souvent les familles à aller à la rencontre des élèves, anciens élèves, professionnels…
Les sources d’informations sont nombreuses et variées : salons, journées portes ouvertes, conseillers et coachs en orientation, magazines, réseaux sociaux. Et bien sûr, Azimut, le podcast de l’orientation, peut également vous accompagner dans vos réflexions si vous appréciez les contenus audios.
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