Trouver la juste posture parentale pour accompagner son enfant dans l’orientation scolaire

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Les parents jouent un rôle essentiel dans le projet d’orientation de leurs enfants. Il faut trouver la juste posture pour être efficace et utile.

Se préparer à parler d’orientation avec son enfant

À la question « pour préparer ton avenir à qui fais-tu confiance » les jeunes désignent souvent les adultes de leur entourage, parents et familles proches comme des personnes dignes de confiance. Vous êtes donc considéré comme un guide dans l’orientation de ses enfants, sans parfois en avoir pleinement conscience !

Trois conditions sont néanmoins nécessaires pour que cette influence parentale soit effective

  1.   des liens forts doivent être entretenus de façon constante et durable.
  2.   Le parent doit être considéré comme crédible par l’adolescent sur le plan relationnel ainsi que sur le plan des connaissances, des expériences et des compétences. Pour être crédible, un parent doit être reconnu par le jeune comme apte à comprendre sa réalité, ainsi qu’à présenter un parcours de vie scolaire et professionnel qui facilite sa compréhension des réalités d’un adolescent. Cela peut se traduire par l’atteinte d’un certain niveau de scolarité ou tout simplement par des expériences et des difficultés que vous avez traversées.
  3.   Enfin, le parent doit être congruent, autrement dit faîtes en sorte que votre comportement reflète votre pensée.

 Apprendre à exprimer votre envie de faire équipe avec lui, faire l’effort d’entrer dans son monde, témoigner votre intérêt pour initier la meilleure compréhension mutuelle sont les fondements pour instaurer une vraie complicité et créer les conditions favorables à cette orientation co-construite.

Pour pouvoir communiquer au mieux avec votre enfant et parler d’orientation, il est important de réfléchir sur sa posture de communiquant et d’apprendre à s’écouter pour pouvoir écouter l’autre.
Avant d’entamer un débat d’idées sur l’orientation avec votre ado, posez-vous les questions suivantes :

  • Est-ce que je crains de discuter de ce sujet parce que je ne partage pas les mêmes idées ?
  • Est-ce que je vais lui dire que je connais les choses mieux que lui et qu’il n’a rien à m’apprendre ?
  • Est-ce que je vais prendre son opinion divergente de la mienne comme un manque de respect envers qui je suis ?
  • Est-ce que je risque de m’énerver et d’interrompre le débat ?
  • Est-ce que je suis capable de reconnaître et d’accepter son point de vue ?
  • Est-ce que je suis capable de reconnaître qu’il a de bonnes idées et le lui dire ?
  • Est-ce que j’ai du plaisir à discuter avec lui ?

Après ce petit tour d’introspection, vous êtes prêt à proposer à votre ado de parler d’orientation.  Vous pouvez par exemple lui proposer un rendez-vous régulier pour parler de ce thème, car il est essentiel que vous lui accordiez un temps de qualité. Trouver un lieu extérieur à votre domicile, un endroit qu’il affectionne où vous ne pourrez pas être dérangé afin de créer les conditions les plus favorables à l’échange et afin d’établir un climat de compréhension mutuelle. Vous êtes prêt et avant d’entamer le dialogue n’oubliez pas !

 « Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants, mais peu d’entre elles s’en souviennent »  Antoine de Saint-Exupéry 

« Grand est celui qui n’a pas perdu son cœur d’enfant » Meng-Tsen

Posture parentale – Écouter vraiment, communiquer efficacement !

Votre rendez-vous « orientation » avec votre enfant est pris et vous êtes donc prêt à parler avec lui. Afin d’établir une relation dans un climat de confiance il est important d’installer ce champ relationnel avec empathie.

Bien sûr vous avez pensé au contenu de votre discussion, votre objectif, l’ordre du jour, les questions mais prenez le temps d’accorder votre corps, votre voix, votre attitude comme le musicien prend le temps d’accorder l’instrument qui va s’exprimer, c’est-à-dire en l’occurrence vous, votre corps et votre voix porteurs d’informations et d’émotions.

Gardez bien en tête cette règle fondée sur des études qui mentionnent que lorsque vous vous exprimez 55% de la communication est visuelle, par l’expression du visage et du langage corporel, 38% de la communication et vocale, par l’intonation et la clarté de la voix et 7% de la communication est verbale, par la signification des mots

Pour engager l’échange, il est à ce titre judicieux de se synchroniser volontairement « non verbalement » et « verbalement » pour créer ce climat de confiance mutuelle car implicitement, c’est dire à votre enfant je suis totalement présent, je te vois, je te reconnais et cela ne pourra que renforcer son estime de soi.

Se synchroniser au niveau non verbal ne consiste pas à mimer votre enfant car cela l’agacerait fortement, mais si votre enfant est assis asseyez-vous en face de lui s’il est debout, restez debout.  Regardez-le dans les yeux, sans toutefois le fixer avec insistance.

Prêtez ensuite attention à ce que votre ado exprime non verbalement ce qui vous donne des indications pour la conduite de votre entretien  : observez sa respiration, sa posture, les mimiques, les micro-mouvements de son visage , les mouvements de ses yeux ; cette qualité de présence à votre enfant facilite la communication.

Abordons maintenant la synchronisation verbale et para verbale

Concentrez-vous à présent sur la synchronisation verbale et para verbale. Pour y parvenir portez votre attention aux mots utilisés par votre enfant. Emploie t-il un vocabulaire visuel ? vous l’entendez souvent dire «je vois bien ce que tu veux dire… «  est-il auditif ? Dit-il « j’entends bien ce que tu dis » est-il  kinesthésique dit-il « je ressens bien ce que tu veux dire… » et parlez-lui avec un langage visuel s’il privilégie le canal visuel, avec des mots auditifs, s’il privilégie ce canal et en termes kinésiques s’il y est plus sensible. Prêtez également attention au rythme de sa voix à la tonalité, au ton privilégié et accordez-vous pour favoriser l’unisson entre vous !

Maintenant, intéressons-nous au discours :

-N’hésitez pas à parler de votre travail pour lui permettre de partir à la rencontre de la vie professionnelle. Expliquez-lui le fonctionnement d’une entreprise, votre profession afin qu’il commence à côtoyer la réalité d’un métier.

– N’hésitez pas à valoriser les qualités de votre ado ; partagez votre perception de ses compétences, illustrez-les afin de le guider vers une meilleure connaissance de soi

– N’hésitez pas à valoriser ses efforts, ses réussites et n’oubliez pas que la valorisation souveraine c’est ce temps de qualité que vous passez avec votre ado car cela exprime « je m’intéresse à toi » !

 

Posture parentale – Attention aux dérapages !

Faire le choix d’une orientation pour votre enfant est un moment crucial à double titre, puisqu’il s’agit à la fois de sélectionner un parcours d’orientation et de revivre également une étape que vous avez également franchie au cours de votre adolescence.

En fonction de votre histoire, de vos modèles, des héritages qui viennent colorer l’appartenance à une lignée professionnelle, si dans votre famille vous êtes par exemple agriculteur ou médecin de père en fils, certaines tendances, voire certains syndromes peuvent se manifester et colorer vos comportements. Vous vous reconnaîtrez peut-être dans ceux-ci :

Le syndrome d’interférence ou de réussite par procuration :

Vous guidez intensément votre enfant dans une exploration de son orientation et le guidez en fonction de vos propres attentes et ambitions de parents. Vous ne faites plus la différence entre vos propres besoins de réalisation et ceux de votre enfant. Vous influencez fortement la direction des recherches d’information. Vous y consacrez du temps et de l’énergie comme s’il s’agissait de votre propre orientation

Le syndrome de la censure

Le milieu social dicte les perspectives d’orientation. Il n’est donc pas possible et donc impensable d’imaginer s’engager dans une autre voie que celle dictée par le milieu ambiant et l’entourage proche.

Le syndrome de l’autorité

Ce style autoritaire plus ou moins conscient décrit un syndrome qui incite votre enfant à se conformer à votre avis. Animé par les meilleures intentions, vous savez ce qui est juste pour lui, sélectionnez les informations qui confortent vos convictions et écartez tout ce qui est méconnu.

Le syndrome de l’indulgence

Permissif et indulgent, vous valorisez les dimensions émotionnelles de proximité et d’accord. Vous accordez une grande liberté à votre enfant pour agir selon son désir. Vous considérez que le contrôle limite le développement et percevez votre rôle essentiellement en termes de présence affective à laquelle l’enfant peut faire appel selon ses propres demandes. Cette posture limite toutefois la présence de points de repère et de méthode pour structurer une démarche d’orientation.

Le syndrome du rêve brisé

Ce syndrome conduit les enfants à ne pas tenter une orientation qui apparaît inaccessible, protégé par des parents qui ne veulent pas l’exposer à une prise de risque selon eux trop forte. Ce syndrome est souvent caractéristique des parents qui ont peur pour leurs enfants et qui sont soucieux d’incarner un rôle de protection (attention au risque de surprotection !) mais qui peuvent également ne pas écouter leurs rêves.

Alors quelle posture adopter ?  De préférence une posture de soutien :

Accompagnez, encouragez et conseillez votre enfant dans son exploration d’études et de métier, proposez lui de l’aide et du soutien dans la recherche d’informations, laissez votre ado décider afin de ne pas décider à sa place, intéressez vous à ses intérêts et talents et surtout restez optimiste par rapport à l’avenir en discours et en actes !

Et n’oubliez pas  : “Dans la vie on ne regrette que ce qu’on a pas fait ! ”  Jean Cocteau

Posture parentale :  l’hyperparentalité

Un phénomène qui, s’il part d’une bonne intention peut entraîner des conséquences psychologiques et sociales pour l’enfant… Alors, êtes-vous un hyperparent ? Intéressons-nous tout d’abord au terme forcément ambigu tant le préfixe « hyper » est tantôt associé a des qualités : « hyper cool », « hyper sympa » « hyper zen » ou tantôt assimilé à un symptôme tel «l’hyper activité ». C’est effectivement cette dualité que l’on retrouve derrière le terme d’hyperparentalité.

Rassurons-nous, l’hyperparentalité n’est pas une maladie mais une tendance éducative qui transcrit les exigences du monde actuel très centré sur la performance. Alors comment s’assurer que nos enfants grandissent dans la joie, deviennent des adultes épanouis, heureux, qu’ils réussissent dans un monde qui prône l’hyperperformance en toile de fond ? Qui plus est, en tant que parent on se remet souvent en question. « Suis-je un bon parent ? » « devrais-je en faire davantage ? » tout est une question d’équilibre.

Bruno Humbeeck, psychopédagogue à l’université de Mons, utilise trois images pour illustrer l’hyper- parentalité. Ce sont les métaphores du parent-hélicoptère, du parent-drone et du parent-curling.

Regardons de plus près ces trois postures !

Le parent hélicoptère

L’image du parent hélicoptère reprend celle d’une figure paternelle ou maternelle qui tourne sans cesse au-dessus de son enfant. Des phrases de type « que fais-tu, où vas-tu » sont souvent entendues et appliquées au domaine de l’orientation « où en es-tu dans tes recherches » « quand vas-tu te renseigner : auprès de qui, avec qui ? » reviennent régulièrement. Soucieux du bonheur et de la réussite de son enfant, ce parent invite son ado à explorer le monde tout en restant à forte proximité, avec un souci de contrôle très marqué. En contrepartie, cette surprotection invite l’adolescent à considérer le monde extérieur comme source de danger et l’incite à rester finalement dans sa chambre devant son écran pour partir à la découverte d’un autre monde.

Le parent drone

Parlons maintenant du parent-drone qui est animé par une obsession : le souhait d’une réussite totale de son enfant. Pour lui, il est essentiel d’identifier la meilleure école, la meilleure filière, le meilleur parcours,  c’est-à-dire offrir un monde parfait à son enfant. Surinvesti dans le repérage de ce qui pourrait correspondre aux envies de son ado, le parent-drone peut également être source d’épuisement pour lui ; mais aussi pour son enfant. Face à tant de prévenance, la pression est forte pour l’adolescent qui mobilise tous ses efforts pour se montrer à la hauteur de temps de prévenance. Si le succès de l’enfant est l’objectif recherché, ce but ultime implique également qu’il réussisse à acquérir son autonomie. Or, dans ce cas de figure, l’autonomie est bridée.

Le parent curling

Enfin évoquons le parent curling, dont l’image est associée à celle des membres d’une équipe de curling qui canalisent tous leurs efforts pour préparer le terrain afin que la trajectoire de l’objet soit la meilleure possible. C’est ce que fait ce parent qui pour garantir le succès de son enfant investit beaucoup d’énergie pour contrôler le mieux possible sa trajectoire future, en évacuant tout obstacle qui pourrait obstruer ce parcours. A l’image de l’objet qui glisse sur la glace, l’enfant glisse sur une piste parfaitement entretenue. Or, les parents curling devraient « préparer l’enfant pour la route, au lieu de préparer la route pour l’enfant » comme le précise Julie Lythcott-Haims, auteur et ancienne doyenne des premières années de Stanford.

In fine, dotés des meilleures intentions, ces différents types de parents garantissent-ils l’épanouissement de leur enfant ? Pas sûr ! Les adolescents qui grandissent dans un contexte d’hyper implication parentale peuvent présenter des difficultés de type : perte de confiance en soi, anxiété, conflits…  Alors, faisons-nous partie forcément de la catégorie hélicoptère, drone ou curling ? Soyons plus nuancés, ces trois catégories peuvent revêtir différentes formes et posséder diverses intensités ; l’hyperparentalité est une tendance plus ou moins affirmée selon les cas et il ne s’agit donc pas d’un diagnostic binaire qui différencierait l’hyperparent du parent normal… Mais prêtons attention peut-être à une tendance plus ou moins affirmée chez chacun de nous !

La parentalité est un jeu d’équilibriste entre bienveillance et vigilance et ce plus particulièrement à un moment où les enjeux d’orientation sont forts. Sortir de cette tendance à l’hyperparentalité consiste probablement à reconsidérer l’objectif d’être un parent parfait d’un enfant parfait qui doit s’engager dans un parcours scolaire parfait. C’est peut-être rester un parent humble qui reste motivé sur le long terme et c’est d’autant plus capital puisque la parentalité est un engagement pris pour de longues années voire pour toute une vie… Il est donc indispensable pour cette course de fond de ne pas dépenser ses forces dès le départ, de ne pas s’épuiser en début de parcours et au contraire de mobiliser endurance et persévérance dans la durée !

Ce contenu vous est proposé par un membre de la Communauté d’experts AZIMUT : Nathalie MORAND, Coach professionnelle certifiée HEC – Consultante en orientation scolaire et transition professionnelle – Paris 16

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